mercredi 20 mars 2024

Les "pères fondateurs de l'UE": qui sontJean Monnet et Robert Schumann

par Alain FUENTES

 BIOGRAPHIE DE JEAN MONNET ET ROBERT SCHUMANN

 J'ai souhaité évoquer les "pères de l'UE" car le père est celui qui transmet un legs matériel, social, politique, idéologique. En ce qui concerne MONNET et  SCHUMAN leurs legs sont tout cela mais de la manière la plus négative qui soit. La vulgate parlera "d’héritage empoisonné". 

    Je connaissais un peu la bio de ces deux personnes plus celle du troisième, (dont j'ébauche aussi la bio,)  pour avoir lu dès  sa sortie il y a quelques années  l'ouvrage de  J.P. CHEVENEMENT  : "La faute à Monnet ".  Mais là, lorsque je me suis documenté d'une manière plus précise, lorsque j'ai lu les documents que je cite en fin de texte, il m'est venu la nausée ! !  Comment avons- nous pu accepter une telle escroquerie intellectuelle, une telle trahison,  sans réagir ?  Bien sur "la fabrique du consentement " et la trahison  du personnel politique  y sont pour beaucoup , mais avec le temps et les polémiques suscitées par les différents traités européens,  qui s'est inquiété de savoir d' où venaient ces 2 (3) escrocs ? Le plus fort de tout cela est que De GAULLE pour qui l'indépendance nationale "n'est  pas négociable" n'a que des admirateurs alors que ces deux suppôts  du grand capitalisme ont, à droite comme à (ce que l'on peut appeler)  la gauche, des héritiers intellectuels qui poursuivent l'oeuvre de destruction de toute souveraineté nationale et populaire . J'en suis révolté !! 

 En FRANCE, nous  les disons " pères de l'UE",  un grand nombre de rues, d’avenues ou d’écoles portent leur nom, mais connaissons-nous vraiment leur passé ? JEAN MONNET et  ROBERT SCHUMANN, ces deux hommes à la biographie plutôt trouble, ont joué le plus grand rôle dans la construction de l’UE. 

  Dès l’âge de 16 ans, en 1904, JEAN MONNET est envoyé à LONDRES par son père négociant en spiritueux à COGNAC, leur ville natale. Très vite le mercantilisme devient sa vision du monde: "Tout a un prix donc tout se négocie". L’univers de la City devient pour lui l'espace rêvé qu'il décrit ainsi : "c'est un milieu socialement fermé mais ouvert professionnellement au monde, les préoccupations qui y règnent c'est l'état des affaires de New-York à Shanghai «. 

   En 1906, au Canada, il échange des caisses de cognac que son père lui fait parvenir contre des ballots de fourrures qu'il revend moyennant un bénéfice substantiel. 

   Il est vite remarqué par le  microcosme bancaire et entre en 1908 à la banque Lazard de New-York. Quand survint la grande guerre, il est réformé pour des raisons de santé? ! Mais il est très vite bien en place dans le milieu bancaire et affairiste outre atlantique. 

 Il n'avait pas trente ans, il était déjà en affaires avec les plus grands noms de la finance anglo-saxonne. 

 Il s'ensuit toute une carrière politico-financière où il joue "l’éminence grise", toujours tapi dans l'ombre, qui le conduit de W. CHURCHILL à FRANKLIN ROOSVELT dont il devient l’un des plus proches conseillers. Il conforte le plan hégémonique américain.  

 Après la capitulation de la FRANCE, il est à LONDRES mais pas aux cotés de De GAULLE, mais aux cotés des britanniques, son rôle quant aux relations anglo-américaine sera déterminant, il n'aura de cesse de vassaliser la FRANCE aux USA. 

 Si pour de GAULLE l'indépendance nationale "n'est pas négociable ", pour JEAN MONNET, elle constitue une entrave importante pour les échanges commerciaux. Son opposition à l’homme du 18 juin sera constante. Dans une de ses lettres adressées à F. ROOSVELT il dit :" DE GAULLE est un ennemi du peuple FRANÇAIS et de ses libertés, c'est un ennemi de la construction européenne; en conséquence, il doit être détruit «. 

 JEAN MONNET est nommé commissaire au plan après la guerre. Il favorise le libre-échange, alors qu'un encadrement et une régulation de l’économie s'imposaient. En 1946, il négocie, toujours dans l'ombre, l'accord dit BLUM-BYRNS qui ouvre le marché français à la production cinématographique américaine, limitant ainsi la production cinématographique française.

 Pour un grand nombre de cinéastes, d'acteurs, pour le syndicat CGT et pour l'historienne ANNIE LACROIX-RIZ le but de cet accord était politique : ancrer la FRANCE alors susceptible de basculer dans le communisme dans le camp libéral. Toujours selon ANNIE LACROIX-RIZ :"la partie sur le cinéma visait la destruction de la production FRANCAISE constituant ainsi le paradigme d'une aliénation de l'indépendance française et une mise sous tutelle du pays. " 

Le cinéma étant depuis sa création un art accessible au plus grand nombre de citoyens, devient un "vecteur" important pour la propagande en faveur du mode de vie américain.

 Avec l’appui et la pression des Etats-Unis qui menacent de supprimer le plan Marshall et qui exigent la libération des échanges commerciaux européens,  MONNET avance l'idée de la mise en commun de la production du charbon et de l'acier de France et d'Allemagne sous l'égide d'une autorité dotée de pouvoirs supranationaux absolus (la CECA): il en sera le président.

(Il est très utile,  à ce niveau d'ouvrir une parenthèse et  d'évoquer le "technicien " de ce traité : MAURICE LAGRANGE dont le passé vichyssois très chargé et qui fut à l'origine des lois anti-juives en France et en Algérie n'a pas dérangé Monnet lorsqu'il l'a sollicité. Lagrange est reconnu comme le "maître du droit communautaire ", il a joué un rôle décisif dans l'adoption de l’arrêt du 15 juillet 1964 décrétant la primauté du droit européen sur les droits nationaux. Il a contribué de manière absolument capitale à faire du droit communautaire un ordre juridique autonome qui s'impose non seulement aux états, mais à leurs habitants.)

 Cette mise en commun que constitue la CECA sera très bénéfique pour les industriels: Le modèle d'intégration européenne est lancé, il servira de base pour le traité de Rome de 1957. Modèle qui consiste à transférer des compétences politiques de plus en plus importantes dans des secteurs essentiels, à des institutions de nature technique, échappant à tout contrôle démocratique. 

 Ce modèle rejette d'une manière insidieuse la souveraineté nationale,  les avancées démocratiques sociales et politiques théorisées par les LUMIERES, réalisées dans la douleur par la révolution de 1789, les luttes ouvrières et par le Conseil National de la Résistance. Il rejette la conception même  de la démocratie représentative basée sur les principes proclamés par les LUMIERES, affirmés en 1789 : tous les pouvoirs émanent du peuple. 

 Depuis 1979 le parlement  Européen est élu au suffrage universel mais, malgré ce qui semble être un progrès, nous sommes bien loin d'un véritable parlement démocratique. 

 L'affairiste JEAN MONNET et le  catholique conservateur ROBERT SCHUMAN tous deux adeptes de l'antiparlementarisme vont nous livrer une union européenne dominée par le grand capitalisme via la BCE. 

 Apres des études de droit à Bonn, Berlin, Munich et Strasbourg, ROBERT SCHUMAN s'installe comme avocat à Metz en 1912, il devient citoyen français. En 1919 ce catholique fervent s'engage en politique, il est élu député de la Moselle. Cet homme est avant tout le séide du comité des forges, des Wendel, des Schneider. En 1924, il est colistier de Guy Wendel.

Catholique ultra conservateur, anti-laïque, il milite pour le maintien du concordat (pour toute utilité, il est bon de se rappeler ce que fut le concordat), il  combat les réformes du Front Populaire. Il affiche sa sympathie pour les régimes corporatistes catholiques et autoritaires de l'Espagne de Franco, de l'Autriche de Dollfuss, du Portugal de Salazar. Le 30 septembre 1938, il approuve les accords de Munich.

 ROBERT SCHUMAN est  nommé sous-secrétaire d'état aux réfugiés dans le gouvernement Raynaud le 21 mars 1940. Dans cette fonction il déclare le 12 juin : "il faut mettre bas les armes ". Le 16 juin, il est maintenu dans le même poste dans le gouvernement de Pétain. 

 Le 10 juillet 1940 à Vichy il participe à la suppression de la République et vote les pleins pouvoirs à Pétain.

 A l'inverse de beaucoup qui fuient l'Alsace-Lorraine annexée par le IIIe Reich il rentre à Metz.

Aux yeux des nazis, c'est un citoyen allemand suspect, il est arrêté, et emprisonné pendant 7 mois. En avril 1941 il n'est pas envoyé en déportation comme le furent bien d'autres parlementaires français mais placé sous résidence surveillée dans une région de vignobles du Palatinat d'où il s'évade sans difficultés en août 1942. Il passe la guerre en se cachant dans des abbayes dans le Tarn, la Vienne, l’Ardèche. 

A la libération, "ce pur produit de Vichy" est frappé d'indignité nationale et d’inéligibilité. Le clergé et le Vatican interviennent en sa faveur  auprès du général de Gaulle. Lui-même écrit le 4 juillet 1945 pour solliciter la révision de son cas. Un non-lieu est prononcé par la haute cour le 15 septembre 1945. Il reprend une activité politique au sein du MRP, le parti chrétien- démocrate et siège dans les gouvernements qui suivent le départ de de GAULLE.   

 Ouvertement antisémite, ROBERT SCHUMAN en octobre 1949 alors qu'il est ministre des affaires étrangères,  aide les époux VALLAT en prélevant la somme 20 000 fr. sur les fonds spéciaux du quai d'ORSAY. XAVIER VALLAT fut le premier commissaire général  aux questions juives et responsable de la spoliation et de la  déportation de milliers de français de religion juive. 

 ROBERT SCHUMAN, en collaboration étroite avec JEAN MONNET, va prononcer la déclaration du 9 mai 1950 qui annonce  la création de la CECA à l'origine d'un nouvel ordre juridique : l'ordre juridique européen. 

 J'invite très fortement, les gens qui me font l'amitié de m'écouter ou de me lire,  à se pencher au minimum sur les documents cités ci-dessous. Il est bien évident qu'il m'est pratiquement impossible d'évoquer dans ce texte  l'ensemble de tous les écrits consacrées à ces 2 ou 3 acteurs qui à mon sens ont trahi la RÉPUBLIQUE FRANÇAISE ET SON PEUPLE.  

 Comble de la trahison , le 9 novembre 1988 , FRANCOIS MITTERRAND prononce le discours du transfert des cendres de MONNET au PANTHÉON . 

 Il est difficile pour qui a un tant soit peu de connaissances politiques et sociales d’ admettre que MONNET repose sous le même toit , sous la même coupole que VOLTAIRE, VICTOR HUGO, JEAN JAURES,  PIERRE ET MARIE CURIE. 

 Les sources qui m'ont permis d'écrire ces très brèves biographies sont : 

   JEAN PIERRE CHEVENEMENT : la France est-elle finie : la faute à MONNET 

    ANNIE LACROIX-RIZ : l'intégration Européenne de la France 

    MARIE FRANCE GARAUD : interview sur Youtube 

    Un texte du COMITÉ VALMY 

   Un texte de RAOUL MARC JENNAR  intitulé : "étranges pères fondateurs " dans  Le club Médiapart.  

    (J’insiste)  ! !  Bien d'autres ouvrages, textes et interview  tout aussi édifiants sont disponibles sur la toile et je vous invite à les consulter.  

 ALAIN FUENTES       

 

 


1 commentaire:

  1. on oublie toujours Gasperi l'Italien, mais l'Italie e n'est pas un "pays sérieux" ?

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